1-Les longues nuits d’hiver

Le temps est venu.

Le temps du froid qui s’installe et des nuits qui n’en finissent plus, le temps du repos et d’une année qui se termine.

La neige enveloppe la forêt d’une couverture feutrée. Le silence règne parmi les arbres endormis poudrés de blanc. Pourtant, un drôle de bruit trouble cette paisible quiétude.

- Clac-clac-clac-clac-clac…

Dame Hulotte ouvre un œil mécontent.

- Hou hou ! Hou hou ! Quel est donc ce chahut ?

Elle scrute les environs et finit par apercevoir un chapeau pointu, rouge, tout rouge, dépasser de la surface neigeuse. Il tremble, tremble, en produisant le bruit étrange qui l’a réveillée.

- Clac-clac-clac-clac-clac…

Piquée par la curiosité, Dame Hulotte s’approche d’un coup d’aile, se perche sur une branche de sapin et penche la tête pour mieux voir ce qui se cache sous le minuscule couvre-chef.

- Hou hou ! Hou hou ! Qui va là ?

- M-m-m-moi-moi, répond une petite voix grelottante ponctuée de claquements à en fissurer la glace qui recouvre l’étang.

- Hou hou ! Hou hou ! Qui donc ?

- M-m-m-mé-mé-lus-s-sine, lu-lu-lut-t-t-ine d-d-du-du …

Exaspérée, Dame Hulotte soulève la créature d’un bec décidé et l’emmène dans son trou. Elle gonfle son plumage et réchauffe la pauvre petite lutine frigorifiée.

Une fois la chaleur revenue dans ses membres, les tremblements cessent et elle peut enfin parler normalement.

- Merci, merci, dit Mélusine tout de même un peu effrayée par l’étrange face de Dame Hulotte. Jamais je n’aurais dû sortir des galeries, mais je me suis égarée. Il y fait si sombre et il n’y a aucun panneau indicateur. Impossible de trouver quelqu’un pour me renseigner, tout le monde dors là-dessous. Je devais voir où j’étais, alors j’ai pris la première sortie que j’ai trouvée. Mauvaise, très mauvaise idée !

Dame Hulotte n’en demandait pas tant. Elle a ramené une bavarde qui bavarde autant qu’une pie et qui reprend à peine son souffle entre deux phrases.

- Hou hou ! Hou hou ! Voilà qui est normal. Nombreux sont ceux qui dorment en cette saison. Le gel fige tout et les journées sont bien courtes.

- Oui oui oui, j’ai vu ça ! Là d’où je viens également, mais nous avons de bons feux dans de grandes cheminées et de bonnes soupes fumantes qui nous tiennent chaud. Les étoiles éclairent la nuit et font briller la glace de mille feux.

- Hou hou ! Hou hou ! Alors pourquoi avoir quitté cet endroit si parfait ? demande Dame Hulotte un rien agacée.

- Je suis à la recherche de gui et de houx, car là d’où je viens, il n’y en a plus. Le Père Noël est si timide que pour lui, le seul moyen de donner un baiser à la Mère Noël est de le faire sous une boule de gui ou une branche de houx.

Quelle idée saugrenue se dit Dame Hulotte. Donner un baiser, pas de quoi se gêner. Mais bon, elle veut bien l’aider à en trouver. Et pour éviter de voir Mélusine se transformer en glaçon, elle décide de la ramener chez ce Père Noël si peu audacieux mais tellement amoureux.

Anne, le 01.12.24