Observations

Observer, regarder, examiner. Il suffit d’un battement de cil pour entrer dans la contemplation, s’imprégner de ce qui nous entoure, de ceux qui nous côtoient. Mais pour découvrir cet autre, cet alter ego insaisissable, il ne faut pas simplement le voir, il faut apprendre à le connaître, percer son mystère. Pourtant, cela ne se fait pas de dévisager, alors on glisse sur la surface, on ne s’appesantit pas sur les détails. On se contente d’impressions fugaces, de regards volés pour se faire une idée de la personne. De froncements de sourcils aux francs sourires, la palette des expressions s’élargit au fil du temps et des connivences pour enfin permettre de familiers coups d’œil. Toutefois rien ne peut vraiment expliquer ce qui déclenche une vraie sympathie ou une irrépressible aversion. Que ce soit une attitude arrogante, un code vestimentaire attrayant ou une propreté douteuse, l’opinion se forge en une fraction de seconde que rien ni personne n’arrivera à modifier tant elle s’est profondément enracinée. De loin, de près, les yeux se posent, cherchent à fixer ce qui se dérobe, à se fixer dans le regard qui leur fait face pour un échange moins superficiel, plus intense. Il ne s’agit plus d’observer, regarder, examiner. Il s’agit de partager, transmettre, révéler. Se révéler. Tout le reste n’est que faux semblants et apparences trompeuses. Le plus important ne se dévoile pas, caché sous le vernis de façade. Un bon observateur est celui qui ne se contente pas de ces figures convenues, de ces identités d’emprunt. Il voit au-delà et rend visible ce qui est invisible.

Anne, le 31.03.2025