23-La crèche

Dans l’étable, on s’agite, on gigote, on remue. Les brebis ne tiennent plus en place pendant que le berger remplit la crèche de foin frais et de douce paille.

- Bêêê ! Le moment arrive, l’étoile est apparue dans le ciel !

- Mêêê ! Nous allons fêter une naissance !

- Bêêê ! Oui oui ! Une naissance !

- Mêêê ! Notre laine lui tiendra chaud, oui bon chaud !

- Meuuuh ! Mon souffle aussi le réchauffera, ajoute le bœuf en ruminant.

- Bêêê ! Pauvre enfant, oui, pauvre enfant qui va sentir ta mauvaise haleine.

- Mêêê ! Mauvaise haleine, oui, terrible haleine, bêlent-elles en grimaçant.

- Meuuuh ! fit le bœuf en se léchant soigneusement chacune de ses narines avec sa grosse langue. Mon haleine est douce et …

- …abominable, oui, abominable haleine ! Bêêê ! Tu vas asphyxier ce pauvre enfant.

- Mêêê ! Retiens ta respiration, oui, et il sera sauf, oui, oui !

Le bœuf ignore les commentaires désobligeants de ces désagréables commères. Chaque année c’est les mêmes bêtises. Imperturbable, il goûte de ce savoureux foin et de cette tendre paille que l’on vient tout juste de leur servir sous les protestations des brebis.

- Bêêê ! Mêêê ! Ce n’est pas pour manger ! Laisse ce foin ! Lâche cette paille !

Tout cet émoi intrigue Balou le petit âne : des naissances il y en a toute l’année. Farandole sa maman lui explique que ce nouveau-né révèle tout ce qu’il y a de bon et de merveilleux en chacun.

- C’est cela que nous fêtons, et plus encore.

Balou est impressionné. Lui aussi veut participer à ce moment particulier.

- Et nous maman, que ferons-nous alors ?

- Nous conduirons son père et sa mère jusqu’à l’étable où il naîtra. Et partout ce sera le temps des réjouissances.

- Bêêê ! Le temps des réjouissances.

- Mêêê ! Le temps des réjouissances, répètent les brebis en cabriolant par-dessus le dos du bœuf qui s’était couché.

- Meuuuh ! Cessez de jouer à saute-mouton ou vous finirez dehors, sous les flocons.

Rien n’y fait ! Elles continuent leurs bondissantes jubilations avec un infatigable entrain.

Cette bonne humeur est communicative et le petit ânon se met à son tour à gambader dans l’étable, tout heureux de participer à son premier Noël et de découvrir ces moments de joie dont il a tant entendu parler.

Anne, le 23.12.2024