14-L’atelier du Père Noël
- anne
- 14 déc. 2024
- 2 min de lecture
Lors de la nuit de Noël, outre les enfants du monde entier, l’atelier du Père Noël fournit tous les marché de Noël loin à la ronde.
Pourtant, au fil des ans, la demande diminue fortement. Les artisans ont créé leurs propres spécialités : des santons de Provence au soldat casse-noisette allemand, en passant par les jouets miniatures et décorations en bois, des arches de Noé dotées de centaines de petits animaux ou de délicates boules de Noël en verre.
Pareil pour les cadeaux des enfants, fournis par d’antipathiques supermarchés offrant une surabondance de pathétiques jouets en plastique, de plus en plus électroniques, pas du tout écologiques. Fini les nostalgiques automates mécaniques ou les délicates poupées de porcelaine.
D’ailleurs, le nombre de lettres et de cartes que les enfants écrivent pour passer commande a diminué de manière alarmante. C’est la crise ! Tous les lutins sont en émoi.
Ils se réunissent après avoir alerté la Mère Noël et le Père Noël.
- Les temps changent, c’est normal que les goûts évoluent, dit ce dernier avec fatalité.
- Tout de même, s’offusque Mélusine. Voyez ce qu’ils en font de leurs nouveaux gadgets. Une fois joué avec, aussitôt jetés. Ils se lassent si vite qu’ils les ont déjà oubliés le lendemain matin.
- Avant au moins, ils les gardaient longtemps, assez longtemps pour les transmettre à leurs propres enfants, réplique Saturnin.
- Oui. Ils en prenaient soin, les bichonnaient, les raccommodaient, les rapiéçaient. Maintenant, ils ne les regardent même plus tellement ils sont noyés sous la quantité, ajoute Farfouille.
Les mines s’allongent et un lourd silence s’installe. Que faire ?
- Évoluons nous aussi, déclare la Mère Noël avec un haussement d’épaules. Ils ne savent plus réparer, réparons. Ils ne savent que gaspiller, recyclons. Vous êtes les meilleurs bricoleurs, les meilleurs inventeurs que je connaisse. Votre imagination est sans limites.
Les lutins échangent des regards pétillants.
- C’est bien vrai, lance Bidouille. On est les meilleurs des meilleurs !
- Ça c’est sûr, les meilleurs des meilleurs, et même plus ! renchérit Trifouille.
Et ce qui fut dit fut fait !
Pour récupérer les condamnés au casse-pipe, l’atelier proposa des stands de troc sur les marchés de Noël où l’on venait échanger tous les jouets cassés, âgés, démodés, relégués aux oubliettes contre des jouets remis à neuf, bien plus beaux qu’avant. Et avec les débris inutilisés, les lutins créaient des objets uniques et fantastiques. Rien n’est perdu, tout se transforme !
Les vieux tissus furent également récupérés pour en faire de beaux emballages cadeaux. On apprit à les nouer de façon artistique, ce qui a tant embelli les paquets qu’une nouvelle mode fut lancée.
L’atelier tourne à nouveau à plein régime sous les yeux d’un Père Noël rayonnant. Il se félicite d’avoir une épouse à l’intelligence aussi vive et à l’esprit pratique vraiment très pratique. Et quel bonheur de voir les lutins habiles se démener dans la bonne humeur en sachant qu’ils redonnent vie aux laissés pour compte.
Car, oui, les jouets ont une âme. Et si de leurs yeux ne coulent aucunes larmes, le fait est que lorsqu’ils ne se sentent plus aimés, leur cœur se brise. Alors, dernier refuge pour ces malmenés de bois, de métal ou de chiffon, l’atelier les héberge le temps d’être soignés pour ensuite les confier à des enfants prêts à les aimer.
Anne, le 14.12.2024
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