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Un p’tit bout d’homme

  • Photo du rédacteur: anne
    anne
  • 13 juin 2024
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 juin 2024

C’était un p’tit bout d’homme, tout juste haut comme trois pommes. Un p’tit bonhomme qui pendant ses p’tits sommes, rêvait d’être un grand, très grand homme qui ferait de grandes, très grandes choses. De grandes choses comme conduire une auto, une moto, un bateau, ou faire un feu comme un pro de pro, mais aussi chasser les monstres sous le lit et le dragon du placard pour voir briller les yeux d’un papa fierté. Être un p’tit bout d’homme, c’est aussi être câliné, consolé, gâté, chatouillé par une maman douceur, mais c’est aussi serrer dans ses bras son nounours tendresse pour se rassurer et lui confier ses secrets, ses trésors.

 

C’est un p’tit bout d’homme devenu grand homme. Un p’tit bonhomme perdu, caché, enfoui au fond, tout au fond du grand homme. Le cœur enrobé de barbelés, il a oublié de rêver, oublié de s’aimer. Envolés les baisers, disparus monstres, dragons et nounours, remplacés par métro, boulot, dodo. Quel fardeau ! Être un grand homme, c’est être responsable, masquer ses émotions, renier ses désirs, ses besoins, accomplir son devoir. C’est vivre une vie de labeur, une vie d’imposteur.

 

Un jour, le p’tit bout d’homme, le p’tit bonhomme, en a eu assez. Être un grand homme ne le fait plus rêver. Il a crié, pleuré, frappé la porte fermée jusqu’à ce qu’elle cède, puis a ramené avec lui les rêves brimés, brisés, les souvenirs bonheurs et chassé les peurs frayeurs, empêcheuses de tourner en rond. Étonné, chamboulé, le grand homme n’a pas reconnu cet inconnu. Il a nié, crié, pleuré, jusqu’à ce que les barbelés s’écartent, libérant son cœur. Alors, il s’est rappelé le p’tit bout d’homme, le p’tit bonhomme qu’il a été, qui, pas plus haut que trois pommes, savait encore rêver, aimer, être entier. Le grand homme regarda autour de lui ces autres grands hommes aux rêves trahis, ensevelis, qui avançaient, somnambules éveillés, dans un rêve qui n’était pas le leur. Il comprit qu’il avait été berné, qu’il avait échoué à s’évader des chemins balisés, tout tracés. Alors, il prit la main du p’tit bout d’homme, du p’tit bonhomme pas plus haut que trois pommes et s’en alla avec lui vivre leurs vies rêvées, et, peut-être, rencontrer un p’tit bout de femme, une p’tite bonne femme pas plus haute que trois pommes et vivre ensemble des vies comblées.


Anne, le 01.06.2024

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