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Un monde de fourmis

  • Photo du rédacteur: anne
    anne
  • 15 août 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 août 2020

Peuple guerrier, peuple travailleur, peuple colonisateur, le peuple des fourmis s’est répandu pratiquement partout sur la surface de la terre. Elles ont développé leurs cités qui ont grandi jusqu’à chasser les autres créatures. Elles grouillaient, proliféraient sans aucune retenue. Leur expansion sans limite épuisait toutes les ressources de leur environnement.


"Nous sommes le peuple le plus intelligent", affirmaient-elles avec orgueil. "Nos capacités d’adaptation sont sans égal. Nous sommes capables de modeler la nature selon nos désirs", proclamaient-elles avec insolence.


Et elles avaient toutes les raisons de le croire. Leur organisation sociale leur avait donné les moyens de gérer la vie de milliards d’individus. Leur adaptabilité leur avait permis de vivre dans toutes sortes d’environnements, des forêts humides aux déserts arides, des plus hauts sommets aux îles les plus reculées. Il y avait des fourmis nomades, des fourmis charpentières, des tisserandes et des éleveuses, des coupeuses de feuilles et même des esclavagistes. Elles ne reculaient devant aucun obstacle. La force du groupe leur permettait toutes les audaces. Elles cultivaient et faisaient des réserves, chassaient des proies bien plus grandes qu’elles, découpaient ce qui était trop volumineux, transportaient de lourdes charges. En cas de danger, leurs attaques étaient virulentes et meurtrières. Elles étaient capables de déménager toute la colonie s’il le fallait et en cas de lourdes pertes, leur démographie galopante leur assurait le renouvellement constant de leur population. Des guerres éclataient et des alliances se nouaient. Leur diversité était leur force. Leur nombre était leur puissance. Elles se sentaient invulnérables.


Malheureusement, leur comportement égoïste ne resta pas sans conséquence. Leur train de vie envahissant et néfaste menaçait l’existence des autres peuples mais rien, ni personne ne pouvait les arrêter. Elles n’écoutaient pas les mises en gardes des créatures plus sages qui voyaient avec horreur et consternation la frénésie vorace des fourmis les pousser à s’approprier toutes les ressources. Elles ne voulaient rien partager, indifférentes aux souffrances qu’elles infligeaient, aveugles et sourdes à la catastrophe qui s’annonçait.

Un jour, pourtant, un ennemi invisible frappa les fourmis sans qu’elles réalisent l’ampleur du péril. Se croyant invincible, elles virent les premières victimes mourir avec insouciance. Puis le mal mystérieux se répandit toujours plus rapidement, tuant les membres les plus fragiles des colonies. Les reines comprirent enfin qu’un grave danger menaçait leurs enfants. Elles se concertèrent et décidèrent d’ordonner le retranchement dans les fourmilières afin de se protéger de l’insaisissable tueur.

Bien que discipliné, le peuple fourmi n’était pas prêt à accepter une telle privation de ses droits et privilèges. Pourquoi de telles mesures alors que seule une minorité des siens risquait la mort ? Toutes leurs activités seraient entravées, leur extension serait ralentie, voire carrément stoppée. Cette situation inédite était insupportable. Les fourmis ne savaient que s’affairer et consommer. Elles s’activaient en tous sens, jusqu’à perdre le sens de toute cette agitation. Vivre au ralenti, c’était bon pour les limaces !

Alors que beaucoup cédèrent à la panique en amassant plus que nécessaire, habituées qu’elles étaient d’obtenir en tout temps tout ce qu’elles voulaient, certaines n’en firent qu’à leur tête et continuèrent leurs besognes. Ce faisant, elles aidèrent le mal sournois à se répandre.

Les reines agitèrent leurs antennes de colère et devinrent plus sévères. Les soldates firent régner l’ordre et cette fois les contestataires finirent par rester tranquilles. Le temps du repli était venu. Dans les profondeurs de leurs colonies, elles réapprirent le respect. Des phéromones depuis longtemps oubliées refirent leur apparition. Compassion et solidarité. Les stridulations de réconfort résonnèrent le long des galeries désertées.

Leur arrogance avait failli les décimer, leur égoïsme avait été sur le point de détruire leur monde, leur obstination coupable avait presque anéanti toute existence sur terre. Peut-être que cette fois la leçon serait suffisante. Le monde ne leur appartenait pas. Elles en étaient les hôtes et en tant que tels, se devaient d’en prendre soin. Il était encore temps de se réinventer et de prendre en considération le bien-être de tous.


Anne, le 22.03.2020

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