Les rouages du temps
- anne
- 4 oct. 2021
- 2 min de lecture
Je tic, je tac ! J’égrène les secondes, les minutes, les heures qui passent et disparaissent. Ces instants qui s’écoulent, se diluent sans consistance ni réalité. Pourtant ils forment une trame invisible, tissent les fils des ans jusqu’à former des siècles, des millénaires alors que futur ou passé restent des notions abstraites auxquelles se raccrochent les esprits en mal de repères.
Je tic, je tac ! Je carillonne pour sonner l’heure, le quart et la demie. Jalons rassurants ou décompte angoissant qui ponctuent la marche du temps. Il file et défile, rien ne l’entrave. Il n’a ni début, ni fin. Impalpable, on l’estime, on le mesure. On le devine à la course du soleil, aux cycles de la lune, aux rides sur un visage, aux feuilles qui roussissent, à la pluie qui devient neige.
Je tic, je tac ! Je m’essouffle, on me remonte. Mes rouages s’épuisent, on me règle. Après les cadrans dont les ombres matérialisent l’immatériel, on a tenté d’enfermer le temps avec du sable, de le mesurer en brûlant des bougies. De modestes méthodes pour une si grande ambition ! Après de nombreux tâtonnements, d’ingénieux créateurs ont élaboré, agencé, de merveilleux dispositifs aux engrenages toujours plus complexes. Et je suis née !
Je tic, je tac ! Inlassablement, imperturbablement, consciencieusement. Je rythme les vies, je rythme le temps. Je lui donne une réalité, de la régularité, car parfois il aime à jouer des tours. Il s’étire, ralentit, jusqu’à s’arrêter. Ou il accélère, s’emballe, jusqu’à se perdre. Je suis précieuse, grâce à moi on a l’illusion de maîtriser l’insaisissable.
Je tic, je tac ! Je trône sur les clochers, je suis au cœur de tous les foyers. À pendule ou à automates, astronomique ou chronomètre, j’ai changé, évolué. J’ai rétréci pour orner les poignets. De mécanique, je suis devenue digitale et depuis je m’affiche partout : téléphones, ordinateurs et même sur des fours.
Fidèle, je tic, je tac !
Au service de l’éternel, je tic, je tac !
Précieux garde-temps, je tic, je tac ! Je suis l’horloge !
Anne, le 21 juin 2021
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