Les deux font la paire
- anne
- 31 août 2022
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« Ma sœur, ma compagne s’est égarée. Où est-elle ? Sans elle je suis inutile. Jamais nous n’avions été séparées. Toujours en vadrouille, nous avons marché, avalé des kilomètres de bitume ou de chemins de randonnée, dévalé des montagnes. Nous avons sué, pris des bains forcés dans des ruisseaux aux eaux glacées. Nous avons voyagé, serrées l’une contre l’autre au fond d’une valise. Nous avons tourné et tourné encore, dans la machine à laver, regardant par la vitre le monde tournoyer jusqu’à en avoir mal au cœur. Suspendues à un fil, nous avons été essorées par le vent, séchées par le soleil.
Nous sommes semblables, pareilles, identiques. Reflet l’une de l’autre, nous sommes jumelles. Mais l’usure du temps a laissé sa marque. Nous avons perdu notre éclat, nos couleurs sont délavées. Mon élastique s’effiloche et je glisse, je m’affaisse. Ma sœur quant à elle a dû être raccommodée, un trou disgracieux défigurait son séant.
Sa disparition est un drame, une tragédie ! Que vais-je devenir sans elle ? Ma sœur, ma compagne, où as-tu disparu ? Que de tourments sans ta présence! L’une sans l’autre n’a plus raison d’être, ou alors, pour le bonheur un unijambiste.
Par miracle, le dieu des inséparables à entendu mon chagrin, ma détresse. Toute entortillée, emberlificotée dans le coude d’une manche étroite, tu étais piégée. Chiffonnée et recroquevillée, tu es réapparue. Un bon défroissage et il n’y paraîtra plus. Ma sœur, ma compagne, ma moitié ! »
Anne , le 30 juin 2020
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