Le vieux tilleul
- anne
- 17 mars 2021
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L’ancêtre, l’aïeul, le vénérable, le patriarche, l’ancien, tels sont mes surnoms. C’est vrai que je suis vieux. Pas loin de 400 ans, peut-être plus, nul ne le sait. Profondément enraciné, je domine cette place aussi ancienne que moi. Mes branches s’étirent autour de moi telle une couronne d’émeraude. Mon tronc large, noueux, épais, s’est un jour divisé en colonnes pour mieux supporter le poids des siècles. Le vent murmure dans ma ramure, il me parle des méfaits des hommes. Pourtant je les côtoie ces hommes, et ils me respectent. Ils ont même érigé une barrière pour me préserver. Certes, quelques malintentionnés ont voulu graver mon écorce dure et rugueuse, mais les lames brisées de leurs couteaux les ont vite découragés.
Je suis invulnérable. J’ai vu des batailles ; des tempêtes ont tenté de m’abattre ; sur moi le soleil brûlant est sans effet. Je résiste, impassible. Même le gel des hivers les plus froids n’a pas eu raison de mon endurance. Mon bois craque, grince, ma sève pleure, se retire pour mieux revenir chaque printemps et nourrir mes nouvelles pousses.
Je suis vivant. Mon âme veille sur tous ceux qui viennent me demander du soutien. Je suis vivant. Jusqu’à la fin, je partagerai mon énergie. Force tranquille, force solide à l’aspect torturé. Présence immuable. Respecté, admiré. Je suis vivant. Mes fruits, mes enfants, sont source de bien-être. On vient lire à mes pieds, chercher un peu de fraîcheur à l’ombre de mes bras. J’attire la vie, je suis la vie. Je suis le vieux tilleul de la place.
Anne, le 15.08.2016
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