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La porte

  • Photo du rédacteur: anne
    anne
  • 7 sept. 2020
  • 2 min de lecture

Je me tiens devant cette porte close qui n’a pas de serrure, m’interrogeant sur ce qu’elle cache. Austère, cuirassée de clous, imposante et massive, elle n’invite pas à s’attarder et me fait hésiter. Oserais-je frapper ce portail d’un rouge sang hostile ? Cette porte, sertie dans un épais mur de pierre au pied d’une tour fortifiée qui me domine de toute sa hauteur, m’impressionne. Je contemple ces fortifications en imaginant les trésors mystérieux qu’elles protègent. J’admire la voûte sculptée où un écusson aveugle m’interpelle. Je m’interroge… Quel blason y était gravé ? De quelle noble famille a-t-il été l’étendard ?

Je me décide enfin à frapper du poing cette porte s’ouvrant sur un monde qu’il me tarde de découvrir. Les coups résonnent sourdement, puis leur écho s’évanouit pour laisser place au silence. J’écoute attentivement, mais rien ne vient troubler le calme revenu. J’insiste et frappe à nouveau, plus fort, jusqu’à m’en faire mal à la main. Pourquoi donc n’y a-t-il pas de heurtoir ou de cloche pour que les visiteurs puissent s’annoncer ? Seraient-ils indésirables ? Je me recule pour observer les fenêtres puis je crie, mais personne ne vient ouvrir. La porte immobile semble sourde à mes appels.

De dépit, je m’assieds sur le seuil et m’appuie contre le battant dur et solide. Le bois rugueux m’écorche le dos et la pierre sous mes fesses est bien froide, pourtant je reste là, à attendre. Je m’imagine les anciens habitants qui ont bâtis ces lieux. Des lieux conçus pour perdurer. Et cette porte, immuable, semble être là depuis toujours. Encore debout, fidèle au poste, elle garde l’entrée en préservant jalousement l’intimité de cette demeure. Si elle pouvait parler, elle en dirait des choses, elle qui a vu défiler de belles dames, de terribles guerriers ou de pauvres manants. Des générations entières parties dans l’oubli dont elle restera à jamais la gardienne.

Aujourd’hui, je ne franchirai pas la limite de ce passage que m’interdit la porte, alors je me relève et caresse rêveusement le bois vermoulu dans un dernier adieu.


Anne, le 25.11.2013

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