La chaise bleue
- anne
- 7 mars 2022
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Dernière mise à jour : 19 mars 2022
C’est l’histoire d’un tableau, ou plutôt l’histoire d’une chaise bleue. Une chaise toute bête, une chaise toute simple, une chaise de bistrot. Grinçante, branlante, mais toujours debout sur ses quatre pieds et habillée d’un bleu lavande un peu fané. Elle ne paie pas de mine. Sa peinture s’écaille par endroits, laissant entrevoir son squelette de bois. Pourtant, malgré le temps qui passe, elle reste, fidèle, offrant son confort aux voyageurs épuisés, aux rêveurs de cafés. Elle a également prêté son assise usée à un artiste vagabond qui l’emmenait par monts et par vaux pour y poser son inspiration.
Un jour qu’il la rangeait auprès de ses compagnes ternes et dépareillées, le peintre s’avisa de son charme désuet et de sa couleur qui la rendait unique. Sans plus attendre, il décida d’immortaliser cette beauté discrète. Ainsi, muni de sa palette et de ses pinceaux, il traça les courbes harmonieuses d’un objet, somme toute banal. L’artiste était aguerri. Il sut rendre justice à cet utilitaire sur lequel glissent les regards sans le voir. La perfection se cache souvent là où on ne l’imagine pas.
La chaise bleue trône à présent sur une toile, à tout jamais. Pourtant elle n’en tire aucune gloire car le peintre a oublié l’essentiel : sa vie de chaise c’est d’être là où l’on a besoin d’elle, accueillant les repos éphémères et les séants fatigués. Une chaise vide, c’est une vie dépourvue de sens, inutile. Voilà pourquoi le tableau à la chaise bleue reste un hommage à la beauté des choses simples, invisibles mais essentielles.
Anne, le 28.02.2022
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