Moi, Ulysse
- anne
- 12 août 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 janv. 2023
Moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance. Solitaire, je vagabonde de villes en villages, de villages en hameaux où je vais à la rencontre des habitants pour égailler leurs vies moroses et monotones. Sur les places, je me mets en scène. Je jongle, je saute et je voltige. Je joue avec le feu, illuminant leurs visages avec des jets de flammes et des boules incandescentes.
Moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance. Je rencontre parfois des gens du voyage, nomades comme moi, et nous parcourons ensemble un bout de chemin. Nous unissons nos talents pour créer un moment de magie et émerveiller encore plus un public conquis d’avance. Acrobates, baladins, funambules, clowns et conteurs se relaient, déployant avec adresse leurs multiples dons.
Moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance. Je ne possède rien d’autre que les hardes sur mon dos et quelques sous suffisent à combler ma faim. Mon bonheur je le trouve dans les yeux des enfants, emplis d’admiration et brillants d’étoiles. Je me nourris de leurs applaudissements, de leurs cris et de leurs rires. Ma vie est simple, ma vie est riche !
Moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance. Héritier sans fortune, je perpétue la vie ambulante de mes ancêtres. Marcheur infatigable, j’use mes bottes sur des chemins de terre battue, couverts de caillasse ou pavés soigneusement. Mes pieds me portent là où mènent ces pistes fréquentées ou ces sentes perdues. Toujours vers la vie, toujours vers les autres. Je repars ensuite, heureux de retrouver le calme et la quiétude de mon existence solitaire avec la certitude d’avoir laissé derrière moi un instant d’éternité que jamais ils n’oublieront.
Moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance. La mélancolie me prend parfois, que je chasse aussitôt. Pourquoi donc désirer cette vie sédentaire et figée qui n’est pas pour moi ? Alors, lorsque la solitude me pèse, je songe à prendre sous mon aile un de ces gamins rêveurs pour lui enseigner ma magie, pour que lui à son tour continue à faire vivre cette existence dédiée à l’extraordinaire et au spectaculaire. Ainsi j’aurai laissé ma trace, une forme d’accomplissement. Car nous, les saltimbanques, ne bâtissons ni maisons, ni châteaux. Nous somme les artisans de l’illusion et de l’imaginaire. Rebelles et libres, nous ne nous laissons pas enfermer dans des carcans, entre des murs. Voilà pourquoi, moi Ulysse, saltimbanque et cracheur de feu, sur les routes depuis l’enfance, n’abandonnerai jamais cette vie merveilleuse, rude et exigeante. Je rendrai mon dernier souffle sur ces chemins de traverse, sans regrets, ni tristesse, de cette vie simple, de cette vie riche !
Anne, le 31.03.2014
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