L’aile ou la cuisse
- anne
- 17 mars 2021
- 2 min de lecture
Par un beau jour d’été, une autruche et un manchot pygmée tenaient une conversation orageuse. Le manchot agitait ses ailes d’un air énervé pendant que l’autruche au pelage noir et blanc secouait sa petite tête perchée tout en haut d’un cou interminable.
- Tu ne me convaincras pas que d’avoir de si grandes pattes soit utile, critiqua le manchot.
- En voilà une drôle d’idée ! répliqua l’autruche avec dédain. Comment s’enfuir devant le danger ? Ce n’est pas en me dandinant comme tu le fais que je pourrais y échapper. De plus la puissance de mes pattes est extraordinaire. D’un coup d’un seul, je peux faire reculer le plus redoutable des prédateurs.
- Impossible de nager ! Tes pattes ne sont même pas palmées.
- Tu as vu mes griffes ? riposta l’autruche en levant une patte. Et puis, tu n’as même pas de vraies ailes, ajouta-elle en ébouriffant son impressionnant plumage. En fait, je me demande si tu es vraiment un oiseau.
Le manchot pygmée s’étrangla d’indignation.
- Bien entendu que je suis un oiseau. J’ai des ailes ! dit-il en les battant vigoureusement.
- Peuh ! Des ailes ça ? Laisse-moi rire !
- Aucun de vous deux n’est vraiment digne d’être une oiseau, s’éleva une voix au-dessus d’eux.
Ils levèrent le bec et virent un aigle royal posé sur la cime d’un acacia qui les observait d’un œil noir.
- Je vous mets au défi de me rejoindre ! lança-t-il d’un ton railleur.
L’autruche pencha sa tête vers le manchot qui claqua du bec, vexé.
- Et moi je te défie de plonger dans les profondeurs des océans !
- Peux-tu monter jusqu’aux nuages et contempler la terre d’un horizon à l’autre ? interrogea l’aigle. Peux-tu fondre sur ta proie tel un éclair déchirant les cieux ?
- Tu es bien prétentieux, déclara l’autruche d’un ton outré. Regarde comme je suis grande, mes ailes et mes pattes sont des armes formidables…
- Tout comme mon bec et mes serres. Un oiseau, cela se doit de voler.
- Avec mes ailes, je vole sous l’eau, rétorqua le manchot.
- Et avec les miennes, je…je…
Empruntée, l’autruche chercha ses mots.
- Tu te pavanes, déclara l’aigle d’un air amusé.
L’autruche se redressa de toute sa hauteur et le manchot protesta. Comment osait-il contester leur nature ?
Ainsi, le débat se prolongea jusqu’au soir, chacun restant sur ses positions, ne réussissant pas à décider ce qui faisait l’oiseau : l’aile ou la cuisse ?
Anne, le 21.12.2020
Comments