3-La barbe du Père Noël et le chignon de la Mère Noël
- anne
- 3 déc. 2024
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- Ma barbe me gratte, bougonne le Père Noël.
- Mon chignon me démange, ronchonne la Mère Noël.
Tous deux se grattouillent, fouillent et farfouillent dans les profondeurs de leurs tignasses blanches.
- Ça gigote, ça a la bougeotte. Ça commence à bien faire !
- Ça s’agite, ça s’excite ! À croire que c’est déjà le réveillon là-dedans.
- Il va falloir sévir, peste la Mère Noël. Il ne faudrait quand même pas qu’ils se croient tout permis.
- Allons, allons, ma chère, tempère le Père Noël. Une petite explication devrait suffire…
La Mère Noël le fixe d’un air exaspéré tout en redressant son chignon qui penche dangereusement sur le côté.
- Mon cher, votre bonté vous perdra. Jusqu’à présent, tous nos locataires étaient d’une discrétion irréprochable.
- Allons, allons. Vous êtes un peu sévère. Une petite expl…
La Mère Noël brandit un peigne dans une main et une brosse dans l’autre.
- Aux grands maux les grands moyens. Voilà de quoi remettre un peu d’ordre.
- NON ! s’exclame le Père Noël avec horreur. Je vais m’en occuper et nous retrouveront sans tarder notre tranquillité.
Sceptique, la Mère Noël pose ses mains sur ses hanches.
- Très, bien. Dernière chance, sinon ouste, retour dans la paille de l’étable et dans la toison des rennes. Ma patience a des limites.
Alors, le Père Noël se met à gazouiller doucement et de petits becs apparaissent, tricotant les fils blancs de sa barbe et faisant tomber des plumes en farandole. Tandis que mésange, rouges gorge et chardonnet se faufilent hors de la forêt de ses poils, un museau frétillant surgit du volumineux chignon.
- Pardon, mille pardons, couine la souris grise d’un air contrit. Mes petits ont grandi si vite, ils ne tiennent plus en place.
- Désolés, nous sommes désolés, pépient en chœur les oiseaux multicolores. Nous avons chanté, pour nous exercer. Nous avons décollé, mais la place a manqué pour nous envoler.
- Nous vous offrons un abri douillet pour passer l’hiver, dit le Père Noël en tirant délicatement sur ses poils pour en dénouer les nœuds. Quelques chatouilles ne nous dérangent pas, mais un tel remue-ménage devient gênant.
- Plus que gênant, gronde la Mère Noël. Si vous voulez vous dégourdir les pattes, sortez prendre l’air. Vos griffes me tiraillent les cheveux et vos queues s’y entortillent à en faire des pelotes.
- J’avoue que je n’arrive plus à démêler les poils de ma barbe, admet le Père Noël. Ce serait gentil de ne plus les tresser. Les nattes conviendraient plus à ma chère…
La Mère Noël lui lance un regard contrarié.
- Je préfère les chignons, merci bien ! Donc, madame souris, si l’envie prends vos souriceaux de faire des culbutes, pirouettes et galipettes, vous serez aimable d’organiser quelques sorties. Et vous, nos amis à plumes, pour vous défroisser les ailes, rien de tel que quelques glissades sur le dos du remuant vent du Nord.
Couinements et pépiements approuvent vivement la Mère Noël avant que tout ce petit monde ne disparaisse au plus profond de ces nids moelleux et duveteux.
- Voilà qui est dit ! Toutes ces émotions m’ont épuisé. Un peu de repos me fera du bien. À présent que le calme est revenu, il est temps de se coucher, conclut le Père Noël, satisfait de garder ses petits locataires dont les mélodies l’enchantent et le bercent tous les soirs.
Anne, le 03.12.2024
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